Interviews

Benighted

Benighted

Samedi 21 juin (Hellfest 2008 2nd jour)

A peine sorti de l'étuve discoveresque le souriant guitariste de Benighted, Olivier Gabriel, nous livre ses impressions sur le festival et le groupe d'une manière générale. Avec la sortie l'an passé de l'excellent Icon , les français montrent une nouvelle fois qu'il faut compter avec eux.

Benighted

Fab : Peux-tu nous présenter rapidement le groupe pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Olivier : Alors moi c'est Olivier, je joue de la guitare dans Benighted. C'est un groupe qui va fêter ses 10 ans cette année, qui existe depuis 1998, avec un line-up qui est l'actuel depuis 2 ans à peu prés, avec notre petit dernier le batteur. On fait du death avec plein de mélanges, plein d'influences en plus, du grind, des parties thrash, du hardcore au milieu, voilà.

On a sorti un album chez Osmose (Production) l'année dernière, fin d'année, " Icon ". Et puis on avait sorti, on va dire 3 albums chez Adipocere (records) qu'on avait fait en autoproduction au tout début. Cela fait notre 5ème album.

Fab : Vos influences principales ?
Olivier : On va dire que ce qui ressemble le plus aux influences du groupe, c'est surtout Napalm Death, Dying Fetus, des choses comme ça. Puis après on a pris énormément de choses dans tous les styles, on peut entendre de tout, on peut entendre du post-rock, un petit riff, enfin quelque chose d'un peu bizarre (rires), comme notre passage rap aussi sur le dernier album.

Fab : J'imagine que vous êtes contents d'être au Hellfest ?
Olivier : Ah ben carrément, c'est un retour un petit peu (car) on avait fait le Fury Fest en 2004 je crois. Et on est super content de revenir. C'est pas le même nom mais c'est un peu la même structure. Et puis là c'est devenu assez énorme, j'étais pas revenu depuis et je trouve que l'accueil et tout, c'est vraiment super bien foutu, là c'est vraiment grandiose, vraiment excellent.

Fab : Un commentaire sur l'affiche ?
Olivier : L'affiche (il se retourne vers l'affiche située derrière lui) (rires), non y'a vraiment des trucs, bon moi je ne suis pas fan de tout non plus mais y'a plein de choses, c'est assez varié. C'est ça qui est vraiment génial. T'as beaucoup des gros groupes, et puis des groupes moins gros, enfin c'est super varié. Moi, je suis super content d'avoir vu hier Madball, Sick of it all, je sais que dimanche bon je pourrai pas rester mais y'a Meshuggah, Dillginger Escape Plan, Dying Fetus, enfin plein de choses énormes, et dans tous les styles.

Fab : C'est fabuleux pour vous d'être au Hellfest afin de fêter vos 10 années de carrière.
Olivier : Oui, c'est clair, comme je le disais tout à l'heure on est super contents. Puis là on sort du concert, ça fait une demi-heure, c'était énorme, ça s'est super bien passé avec une bonne réaction du public. Seul petit bémol, c'est peut-être que le public est un peu loin de la scène.

Fab : Oui, apparemment vous auriez souhaité que les gens puissent monter sur scène.
Olivier : Voilà, nous on aime bien qu'il y ait du contact. Bon, on est allé à eux cette fois (rires). Ouais, on a sauté et tout dans la fosse, mais c'est vrai que c'est assez loin, y'a presque deux mètres. Donc ça c'est le seul petit défaut mais autrement, c'était excellent, le public était bien au rendez-vous.

Benighted

Fab : Un mot sur vos méthodes de composition : plusieurs membres du groupe viennent de groupes différents où ils avaient peut-être des rôles différents.
Olivier : C'est toujours quelque chose d'assez perso au départ. C'est-à-dire que ça peut être Liem l'autre guitariste qui compose, moi j'ai apporté aussi pas mal de choses sur le dernier album, et puis le bassiste aussi a apporté une compo. Parce qu'on compose beaucoup chez nous à la maison, en général quelques riffs, c'est pas forcément un titre en entier, ça peut être 3 ou 4 riffs seulement. Et après, on travaille tous ensemble et c'est là où ça prend vraiment forme, on fait intervenir les influences de chacun, on retravaille, on rajoute un riff, etc.
Ca devient vraiment quelque chose en commun qui se construit petit à petit. C'est quelque chose de solitaire au départ le boulot de compositeur, après on travaille tous en groupe, et souvent après avec le chant, on rebosse encore les choses différemment, avec le chant en plus.

Fab : Je voulais vous féliciter pour la très bonne production de l'album, un gros son, ce qui pour moi personnellement, n'est pas toujours le cas dans ce style (black, grind…). Là, ça reste distinct, on identifie bien les instruments. C'est pour améliorer l'accessibilité de ce genre ?
Olivier : Je sais pas si c'est pour l'accessibilité, nous on bosse pour entendre toutes les notes. On est content d'avoir travaillé avec ce studio car il y a vraiment eu un très gros boulot, contrairement à ce que tu dis (rires) on voulait un son un peu plus sale que celui d'avant, car c'était vraiment synthétique je trouve.

Benighted

Fab : Je parlais plus au niveau clarté du son.
Olivier : Oui, c'est vrai qu'au niveau son, ça n'a rien à voir avec le Black qui est plutôt d'avoir un son " old-school " plutôt minimaliste. Dans le Death c'est pas du tout la même optique, même si tu peux toujours différencier le Death style " old school " et le Death un peu plus actuel. Mais oui la production est importante pour nous. Enfin, moi je ne peux pas concevoir un son merdique, ça ne rendrait pas honneur aux compositions.

Fab : D'où vient l'idée de l'artwork de l'album ?
Olivier : Alors l'artwork ça vient un peu des paroles de Julien, notre chanteur, qui écrit toujours dans le domaine de la psychiatrie, vu qu'il travaille en hôpital psychiatrique. Et depuis le début on a toujours voulu fonctionner là-dessus. On a des compos qui sont assez " fofolles " avec des changements de rythmes assez rapides, on change de style entre deux riffs, beaucoup de cassures, beaucoup de breaks, et cela a ce côté schizophrène. Donc on a choisi d'avoir ces paroles avec, et pour la pochette, pour en revenir à ta question, Julien avait trouvé une ligne directrice pour cet album. On voulait décrire la vie d'un malade mental, au sens côté psychotique, un fou, toute sa vie, et la pochette montre les visions qu'il a lui, d'un monde qu'il s'est créé autour de lui.

Fab : J'imagine bien que Julien est très inspiré (là-dessus) vu son travail, là c'est du concret.
Olivier : Il s'inspire pas mal de choses qu'il vit, dans la musique (en général) on parle souvent de folie, mais avec un côté moins précis. Là tu vois, y'a une expérience, c'est pas la folie effleurée dans le sens " houlala, ça va pas bien ou je sais pas quoi" mais là c'est vraiment quelque chose avec du fond. Julien est quelqu'un qui a de l'expérience, il sait de quoi il parle, c'est pas la même chose que de se dire " je suis fou, je vais faire n'importe quoi ". Y'a vraiment une réalité, il connaît les mécanismes psychologiques et psychiques.

Fab : Comment tu peux expliquer que la France se distingue plus dans le métal par des groupes de Death, des styles assez violents. Loudblast a été longtemps le fer de lance en France.
Olivier : C'est vrai que c'est plus des groupes dans l'extrême qui marchent à l'étranger. Ceci dit, y'a quand même des groupes plus commerciaux comme Pleymo qui se portent bien aussi à l'étranger. Mais oui y'a Dagoba, Gojira. Après le Black s'exporte quand même pas trop mal, on avait une bonne scène Black, enfin je suis pas spécialiste. Mais c'est vrai qu'en France on a une bonne scène Death Metal, y'a Kronos, etc.

Fab : Vous allez rester encore demain?
Olivier : Oui, on va profiter un peu de tout ça, de la bonne ambiance. Aujourd'hui, y'a moins de shows qui nous intéressent, notamment sur la grosse scène parce que c'est assez Heavy Metal, on est moins fan après. Si y'a notre bassiste qui assez fan d'Iced Earth, donc il va aller les voir. Autrement, ca va être plutôt la petite scène, je sais qu'il a une partie du groupe qui est allée voir DISFEAR qu'ils adorent, plus rock'n'roll, moi j'irai voir Anaal Nathrak, enfin, y'a 2 ou 3 trucs qui m'intéresse. Mais aujourd'hui, c'est pas la journée qui m'intéresse le plus, c'est la journée où on joue et où va s'éclater.

Benighted

Fab : Vos projets pour le futur proche ?
Olivier : Là on va justement fêter nos 10 ans, chez nous à St. Etienne le 27 Septembre. On va essayer de faire quelque chose d'exceptionnel, justement avec nos potes de Kronos, Destinity, aussi nos amis lyonnais, et on profite de l'occasion pour rééditer " Identisick " notre album précédent, chez notre nouveau label OSMOSE. Et on va rééditer dans un format un peu plus spécial que la version de départ " Insane Cephalic Production ". Mais ça sera plutôt en octobre, novembre, et là on va réenregistrer des titres, ça fera un bon bonus. Donc ça c'est déjà le premier projet. Et puis on avait un clip qui est un peu tombé à l'eau, donc je sais pas, on va peut-être essayer de le remettre en route, même si c'est pas toujours facile à mettre en place. Et puis avec les concerts et tout, on a pas trop le temps. Il faut faire des choix à des moments, et puis il faut qu'on recompose un peu là pour le nouvel album, on a commencé. Donc ça fait beaucoup.

Fab : Vu que vous êtes originaire de St. Étienne, un petit commentaire sur le retour européen de l'ASSE ?
Olivier : On est pas tout foot malheureusement (rires). On fait partie des quelques stéphanois qui le sont. Bon, on est 2 ou 3 à suivre un peu quand il y a des enjeux nationaux genre équipe de France mais autrement, St-Etienne, rien à foutre (rires), on les suit jamais. Il paraît que c'est bien pour la ville (rires).

Fab : c'est donc pas demain que vous louperez un concert pour un match ?
Olivier : Ah non c'est sûr(rires), c'est la musique d'abord.

Fab : Un dernier petit mot pour les lecteurs de BSPIX ?
Olivier : Et bien je te remercie de ta gentillesse, du temps que tu as passé avec nous, enfin avec moi vu que j'étais tout seul (rires) et je vous dit à très bientôt. On espère revenir rapidement sur Paris, on avait dû annuler une date à cause d'une appendicite. On donne aussi rendez-vous à tout le monde sur notre 'MySpace'.

All rights reserved - BSpix

About BSpix...