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Maurizio - Ex Deo

Ex Deo

July 07 2010 (Trabendo)

C’est sur la terrasse improvisée du Trabendo de Paris (en gros, seules quelques barrières nous séparent de la file d’attente de fans assez proche) que j’ai eu l’opportunité d’effectuer une interview forte intéressante avec le vocaliste du combo canadien EX DEO (et également de KATAKLYSM), juste avant son set d’ouverture de l’affiche de ce soir composée en plus de DECAPITATED et BEHEMOTH (mazette !). Ayant eu la gentillesse de choisir le français pour répondre à cet échange (c’est un Canadien d’origine Italienne mais qui vit aux U.S.A.), il nous parle de son bébé qu’est EX DEO, de la réussite qu’est déjà « Romulus » leur premier album, de ses connaissances historiques poussées doublées d’un esprit d’analyse très « sharp », de KATAKLYSM et d’autres idées « scoopesques » qui foisonnent dans sa tête bien pleine. Un esprit sain dans un corps sain.

Fab : Bienvenue à Paris Maurizio, et merci de nous recevoir.
Maurizio Iacono (vocals) : Ben, merci à vous.

Fab : Pourquoi la thématique de la Rome Antique ? De par tes origines italiennes ?
Maurizio Iacono : Oui, ben je suis d'origine italienne, mes parents sont nés en Italie. Alors j'ai vécu beaucoup avec l'histoire italienne et un peu la culture italienne qui dérive de ça, l'empire romain aussi…Mais c'est pas vraiment ça qui m'y a amené, c'est plus la fascination de comment un empire peut commencer de rien et grandir comme ça, et garder une influence qu'on voit encore aujourd'hui partout.

Du gouvernement à d'autres choses, ils ont inventé les deux côtés du gouvernement, ils ont inventé la démocratie mais aussi d'autres choses pas très bien. C'est juste incroyable de voir à quel point l'influence est là encore. Spécialement en Amérique. Moi j'habite aux Etats-Unis, et je vois vraiment un système très très proche. Pas comme l'ancienne Rome, mais tu vois que c'est un nouveau système mais qui est beaucoup basé là-dessus. L'assimilation, beaucoup de différentes choses de culture, comme quand c'était l'ancien temps, notamment à Rome.

Ex Deo

Fab : Comment s'est passé la composition de l'album et notamment quels sont les choix que vous avez fait pour vous démarquer des compos de Kataklysm ?
Maurizio Iacono : Alors ça c'était pour beaucoup de personnes la grosse question. Comment cela va être, parce que quand tu fais des projets, souvent, c'est un autre monde, et tu es toujours porté à sonner comme ton propre groupe, vu que ce sont les mêmes membres dans les deux groupes. Pour moi, ce qui a été fascinant dans tout ça, c'est que quand j'ai commencé à faire ça, je ne voulais personne du même groupe, à part Stéphane (Barbe) qui joue la basse dans Kataklysm, comme guitariste.Car déjà, c'est un guitariste classique, depuis 15 ans, et il a toujours été quelqu'un d'incroyable. Je voulais avoir lui et que des nouveaux, mais j'ai vite vu qu'ils étaient tous occupés avec leur groupes respectifs, et que pour tout mettre ensemble, pour avoir des bons membres, faire quelque chose de spécial, ce serait difficile à organiser.

Mais moi, je suis quelqu'un de très déterminé, quand je pars, il faut que ça marche, il faut que ça roule, et avec eux (ndlr : les membres de Kataklysm) ça a été vraiment quelque chose de très facile. On avait déjà l'alchimie, et on s'est démarqué dans le sens où on ne voulait pas faire du Kataklysm, que c'était pas la fin du monde de faire quelque chose de différent. Avec les symphonies déjà, ça changeait tout, les thèmes sont différents, la mentalité…

Nous, en studio, on a mis que des films romains, on a même été cherché des films comme " Spartacus ", mais juste l'image. En regardant ça, il fallait que la musique rentre dans ce monde. C'était très important pour nous, des photos, des statues, etc… Tout le studio complet était marqué comme ça. Chaque fois que tu tournais la tête, tu avais quelque chose de romain quelque part. Fallait vraiment rentrer dans le rôle, parce que sinon ça ne marche pas. Mais je réalise aujourd'hui à quel point j'ai fait un " gamble " (ndrl : Pari) avec ça, parce que Rome c'est tellement énorme, que si tu te manques, tu tombes tout de suite et tu emmènes avec toi Kataklysm et tout. Alors j'ai réalisé, après (rires), parce que quelqu'un m'a dit " t'as pas eu peur du risque que t'as pris avec ça ? " et là j'ai remarqué, après, j'ai compris pourquoi personne n'a touché à ce sujet parce que c'est très gros. Quand je dis pas touché, d'un côté, les groupes touchent le sujet ici et là, par une ou deux chansons, mais pas le concept complet. Comme Amon Amarth a fait avec les Vikings et tout ça. Je l'ai réalisé après, j'ai dit " ouf ! Je sais pas si je l'aurais fait si j'avais pensé à ca " (rires).

Fab : Est-ce que Ex-deo est un side project de Maurizio ou un side project de Kataklysm ?
Maurizio Iacono : Ben c'était le lien, mais ça devient de plus en plus un groupe. Moi, au début, je voulais juste faire ça pour ma passion, sortir un disque. On devait même pas le sortir sur Nuclear Blast, on voulait le sortir sur un label indépendant, c'était juste pour nous. Mais comme Nuclear Blast ont les droits à cause de Kataklysm, après avoir écouté, ils ont dit que pour eux, il y avait " quelque chose " dans Ex Deo, qu'ils le voulaient. Je leur ai dit ok, mais si vous voulez le faire en grand, il faut mettre tout dedans : les vidéos doivent être énormes, le visuel, tout, sinon, je le fais pas. Et ils ont acceptés, et peu à peu, ça a grossit, ça continue à grossir. Là, on vient de l'Espagne, ça a été la folie là-bas, hier aussi à Lyon, où au Hellfest où ça a été très très bon. Je peux pas me plaindre, pour un premier album, c'est vraiment cool.

Fab : Est-ce que la notoriété de Kataklysm est un frein ou un accélérateur pour Ex Deo ?
Maurizio Iacono : Moi je pense que ça a été, " a stepping stone ". Peut-être que beaucoup de médias n'auraient pas eu la même attention, Nuclear Blast n'aurait peut-être pas signé d'un coup, cela aurait peut-être été sur Seasons Of Mist ou Napalm Records. Et après peut-être, avec plusieurs albums, on en serait arrivé là. Mais oui, définitivement, Kataklysm, cela a aidé.

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Fab : Tu avais défini les paroles de Kataklysm plus tournées vers l'aspect social de la vie, alors que pour toi, Ex Deo est plus dans le domaine de l'art.
Maurizio Iacono : Absolument, oui. Pour moi, c'est vraiment conter, dans un sens connaitre l'Histoire, du mieux que je le peux, et c'est aussi une éducation. Je pense que c'est important que le monde sache d'où tout vient. Je ne dis pas que c'est l'empire Romain qui a tout inventé, mais beaucoup de choses de base viennent de là, et je trouve important de savoir d'où l'on vient, pour aussi savoir où on va aller dans le futur. Et je trouve que beaucoup de jeunes ne sont pas beaucoup intéressés par le futur, ils pensent juste à ce qu'ils ont maintenant. C'est important de reculer un peu pour avancer. Toute la philosophie vient de là. C'est pas juste les romains, ça vient des grecs. Les romains, tout ce qu'ils ont fait, ils ont pris toutes les idéologies grecques, et ils ont mis une armée derrière, et c'est tout. Les grecs avaient la bonne mentalité, t'as pas besoin de violence pour résoudre un problème. Mais les romains ils ont dit, si je suis plus fort que toi, je vais gagner, alors avec une armée… j'ai toute la philosophie, mais là, j'ai la puissance derrière. C'est arrivé comme ça, ils ont tout pris.

Si tu regarde les Etats-Unis dans un sens, c'est très similaire. Moi, je vois beaucoup de similarités, même les tactiques de guerre. Si tu regardes, les romains, c'était les flèches avec les catapultes, les américains, c'est les avions avant, les bombes, et après ça, tu rentres. C'est la même stratégie, c'est incroyable. Quand tu regardes tout ça, ça fait peur un peu, et si tu regardes encore plus, Rome a été détruit de l'intérieur, et si tu regardes un peu les Etats-Unis, tu vois qu'il y a une tension intérieure. C'est une histoire dont on peut parler jusqu'à demain (rires). Mais c'est intéressant. Même le Panthéon, où ils priaient pour les dieux, où ils faisaient leur meeting de sénateurs, et si tu regardes la Maison Blanche, c'est exactement la même chose.

La langue anglaise est slave, et l'italien, tout ça, c'est latin. Et même les dollars américains, c'est écrit en latin. Il y a l'aigle, le signe de dominance, signe de voir l'ennemi de loin, c'est ça que ça veut représenter. Cela a été représenté de différentes manières avec différentes cultures, mais ça vient de là. Quand tu l'étudies, c'est vraiment intéressant de voir ça.

Fab : Les clips " Romulus " et " The Final War " ont bénéficié d'une grosse production avec scenarii, images de synthèse, peut-on dire que ces clips font partis du projet " Ex deo " et ne sont pas de simples illustrations ? Quelle est ta participation à ces vidéos ?
Maurizio Iacono : Ouais, c'était mon idée. Comme dans " Romulus " où les mecs ils se tournent, ils se rentrent dans la terre, ça c'est l'idée du producteur qui aimait mieux une idée comme ça, etc…Mais l'histoire, c'est celle de la fondation de Rome, et tu ne peux pas vraiment changer l'Histoire, le mythe, mais au niveau visuel, le but était vraiment de représenter le plus possible, qu'est-ce que l'on pouvait faire avec le budget qu'on avait. Tu vois, pour faire un clip de façon extraordinaire, détaillée, c'est un demi-million ou un million de dollar…Je ne donne pas ça pour cinq minutes de clip (rires). Mais on a eu un bon budget pour du métal, c'était assez impressionnant.

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Et " The Final War " a vraiment été celui sur lequel on a travaillé très fort, pour que cela soit un autre monde. Bon, c'est toujours basé sur l'Histoire, mais le producteur avec qui on a travaillé avait une très bonne vision, et c'est le seul qui a accepté de faire ça. Ils ont tous refusés aux Etats-Unis, en Suède… style " je sais pas comment faire ça… ". Faut vraiment avoir la mentalité, et je l'ai trouvé proche de Rome dans un sens, en Serbie (rires).
(ndlr : Ce clip a été produit par Stanimir Lukic, et dirigé par Ivan Colic)

Fab : Oui, on voit bien que tu essayes de rester proche de la réalité historique le plus possible.
Maurizio Iacono : Je trouve que si tu incorpores beaucoup de messages que le passé t'amènes, tu peux avancer dans le futur. C'est la même chose qui se passe, mais juste dans un temps, une époque différente. Ils se battent encore pour la religion, pour des idéologies, ça n'a pas changé.

Fab : Tout à fait, justement, je voulais dire que tu n'utilises pas seulement l'imagerie de la Rome antique, mais qu'il y avait quelque chose derrière.
Maurizio Iacono : Ouais, c'est ça. La base, c'est l'Histoire. J'adore ça, je lis beaucoup de livres là-dessus. Cet album-là, j'ai été très " easy ", dans le sens où j'ai utilisé des personnages très connus comme César, et Romulus, des scénarii très connus comme " Gladiator ", etc…Le prochain sera beaucoup plus approfondi, je vais rentrer dans quelque chose d'un peu plus intérieur de l'empire romain, une période encore plus ancienne, où c'est Caligula, etc.. Qu'est-ce qui a fait exploser Rome ? Etc…Puis Claudius et tous les fous (rires). Je vais rentrer un peu plus là-dedans…Avec Spartacus aussi, je vais un peu toucher la rébellion qu'il y avait eu. Je ne veux pas juste parler de la dominance de Rome, mais aussi de ce qui n'a pas marché.

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Fab : Tous les samples ont été crées, à l'exception d'un extrait d'un très vieux film. Comment avez-vous procédé pour cette création sonore ?
Maurizio Iacono : Oui, il y a juste un extrait du film " Julius Caesar " avec Marlon Brando (1953), le moment où il dit qu'il va prendre sa revanche. Mais tout le reste a été fait par nous. Jonathan, le mec qu'on a à Montreal qui a fait ça, est extrêmement talentueux, il a une vision pour ça, c'est énorme. Il a joué au jeu " Rome Total War ", etc…il est très très " engulfed ". Il me dit déjà qu'il a plein d'idée pour le prochain. On a aussi des samples d'orchestres symphoniques, qui viennent de République Tchèque…Mais on va incorporer des nouvelles affaires sur le prochain, de vraies chorales, enfin, quelque chose de spécial avec des vrais samples de flûte romaine. Ca va être quelque chose de plus poussé sur le prochain. La, j'étais très limité pour le premier album, car on sait pas comment ça va aller…Ils (les labels) veulent faire, mais pas trop. Mais pour un premier essai, je pense qu'on a été bien. Même on amène ça live, c'est un théâtre. On a les armures, c'est comme Rome…Tu nous a vu au Hellfest ?

Fab : Je vous ai vu au Paganfest à la locomotive…
Maurizio Iacono : C'était bien mais je trouve qu'on a fait un " step " plus haut. Maintenant, on est plus à l'aise, on a plus de temps pour jouer. Moi qui joue d'habitude toujours avec mes cheveux descendus, là, je les ai attachés, je suis, je sais pas quoi faire (rire général), la première fois, j'étais là " wwooouuahhhhh "…Il y a tout le monde qui te regarde, d'habitude, tu peux te cacher, mais là, y'a rien à faire (rires). C'était un challenge, mais plus ça va, plus le groupe a de la confiance, plus tu vois qu'on embarque toute la scène et qu'on est confiant, et ça, ça change tout. Et même les mecs de Behemoth ils trouvent ça très très cool, Inferno il adore, les mecs d'Exodus, ils ont mis les chandails d'Ex Deo, etc…Y'a vraiment quelque chose qui se passe. Mais pour moi, c'est juste une introduction, je veux que cela soit spécial quand on vient avec tout ça. Parce que mettre les 12 kg d'armures là…(rires), chaque jour…et avec la chaleur qu'il y a là, c'est énorme la chaleur. Là, il y a de la condition. Avec les lumières rouges en plus qui te frappent quand tu chantes (rires).

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Fab : L'album a la particularité d'avoir de nombreux et célèbres guests (Karl Sanders de Nile, Obsidian C de Keep Of Kalessin et Nergal de Behemoth) Pourquoi et comment se sont passés ces rencontres ?
Maurizio Iacono : Ben moi, je voulais travailler avec des gens prêts à toucher l'Histoire dans la musique, où qui ont une apparence historique, où qui ont un peu touché à Rome, qui ont un rapport avec ça. Comme Karl Sanders et l'Egypte, il aime l'Histoire, et on est des amis, c'est important qu'on soit tous des amis déjà. Ils ont tous acceptés tout de suite, pas d'hésitations. Là, on va faire une tournée aussi avec Nile aux Etats-Unis, et ça, ça va être très bien. C'est Nile et Ex Deo, Keep Of Kalessin…Là aujourd'hui, avec Behemoth, alors donc, je fais des tournées avec ceux de l'album, mais par hasard. On se retrouve tous. C'est bizarre de faire venir Nergal sur la scène, quand on fait " Storm the gates of Alesia ", pendant que lui est tête d'affiche, je veux pas lui enlever ce statut…

Bboo & Fab : Donc, ce soir, on aura pas de duo avec Nergal…
Maurizio Iacono : Ben écoute, je pense que sur le dernier concert de la tournée, on va le faire, mais ici, on a chacun une image, et je ne veux pas trop " pousser l'enveloppe ". Mais ils feront leur solo aux Etats-Unis. Cela aurait été super de l'avoir ce soir aussi mais, je veux pas trop pousser.

Bboo : Par contre, à propos de cette tournée aux Etats-Unis avec cette affiche, pas de date de prévue en France ?
Maurizio Iacono : Avec Nile? non, pour l'instant, c'est juste pour les Etats-Unis. Y'a des discussions pour l'Europe, je pense que ça serait intéressant, l'Egypte et Rome ensemble, faire quelque chose d'historique, ça serait très cool. Avec Eluveitie aussi, ça fait partie des choses desquelles on parle, eux c'est très Gaulois et Celte, et avec Rome…Là, c'est Asterix (rires). Avec Amon Amarth, même si eux sont plus réservés, car pour eux, la Scandinavie et Rome c'est deux choses différentes. Moi je ne vois pas ça comme ça, je vois ça comme une opportunité énorme pour les deux groupes, de faire quelque chose de spécial et d'emmener beaucoup de monde ensemble dans un concert. T'imagines qu'est-ce qu'on pourrait faire avec Amon Amarth, Eluveitie, Nile et Ex Deo ? On verra bien. Mais je suis toujours un gars innovateur avec mes idées, mais je vais essayer de pousser dans cette direction. Si tu en entends parler, tu sauras d'où ça vient (rires).

Fab : Les membres d'Ex Deo portent le chiffre XIII de la célèbre " Legio XIII ", j'imagine… Es-tu le César de cette célèbre légion ?
Maurizio Iacono : C'était la légion qui a amené César à la victoire. C'est la seule légion qui a été " dismantled ", arrêtée par l'empire Romain, pas par une armée. Ils ont pris leur retraite comme soldats. Ca été la seule intacte. C'était les " 300 " de Rome. Ils n'ont jamais été battus. Ils ont gagnés ici, ils ont aussi gagnés la moitié de l'Allemagne…

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Fab : C'est d'ailleurs un peu ce que l'on voit dans la série Rome de HBO ?
Maurizio Iacono : Oui tout à fait, la 13°. La 11° était très populaire, mais c'est la 13° qui est restée célèbre dans l'histoire de Rome. C'était une série incroyable, ils ne se sont pas loupés. Même " Spartacus ", la nouvelle série est pas mal. Je sais pas si tu l'a vue.

Fab : Euh, non.
Maurizio Iacono : Elle est sortie aux Etats-Unis, elle est très basée sur le côté visuel comme le film " 300 ", mais c'est très très bien faut aussi. C'est pas de HBO mais Starz. On parle avec les producteurs à Hollywood, pour faire quelque chose avec Ex Deo, le soundtrack, d'avoir le tour bus enveloppé avec " Spartacus ". On veut vraiment impliquer les deux parties. On est le seul groupe qui fait ça, avec le côté romain. On fait une tournée, et dans chaque ville, on peut en faire la promotion.

Fab : Sur scène, l'attitude du groupe (et surtout la tienne) est plus solennelle, plus scénarisée, est-ce dans un souci de se différencier des sets de Kataklysm ?
Maurizio Iacono : Oui, je ne voulais pas trop parler en live là. Comme un spectacle, quelque chose de visuel et que tu écoutes, une ambiance. Si je commence à parler, je vais faire des trucs pour faire rire le monde, et c'est pas dans l'esprit. Je parlais d'Astérix et Obélix, le monde aime ça, mais c'est pas ce que je veux en faire. Quand j'arrive avec Kataklysm, c'est la fête, c'est le côté aggressif du Death Metal, mais pour faire la fête avec les amis. Avec Ex Deo, tu es dans un genre de théâtre. C'est plus " sinister ", plus " dark ". C'est pour ça que beaucoup de groupes de Black Metal aiment bien Ex Deo, par rapport à Kataklysm. Par exemple, Obsidian C. me dit souvent qu'il aime bien Kataklysm, mais beaucoup plus Ex Deo.

Fab : Justement, pendant le set du Hellfest, tu t'es adressé à la foule uniquement en anglais ? Est-ce par exemple pour éviter un " tabernacle " ?
Maurizio Iacono : (rires) Vraiment, tu sais que c'est ça qui est arrivé, mais je n'ai pas aimé ça après. Quand je suis retourné dans les coulisses, je me suis dit que je le referai plus, que je n'aimais pas ça. Alors sur toutes les dates françaises, j'ai parlé en français. Ca ne faisait pas naturel pour moi. Je l'ai fait pour éviter la gaffe de dire un mot Québécois (marrant), je voulais que ça soit épique, avec un anglais un peu ancien. Mais je voyais que le public voulait que je dise quelque chose en français, vu que je suis francophone d'origine.

Fab : Ta voix est beaucoup plus aigüe avec Ex Deo qu'avec Kataklysm, est-ce que tu as un entrainement spécial pour cela ?
Maurizio Iacono : J'ai découvert cette voix, qui est plus narrative quand je chante, en criant avec Kataklysm. Et je me suis dit " tiens, je suis aussi capable de faire ça " (rires), de garder la note, alors j'ai essayé de la développer et c'est devenu naturel après. J'ai aimé ça, quand j'ai incorporé ça dans Ex Deo, ça m'a amené quelque chose d'autre. Et c'est la voix que pour Ex Deo, je ne la ferai jamais avec Kataklysm. J'aime cette voix qui est différente.

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Fab : Des nouvelles du prochain album de Kataklysm, " Heaven's Venom " ?
Maurizio Iacono : Il devait sortir en janvier, et là, on a eu un gros contrat aux Etats-Unis pour faire le Ozzfest, avec Ozzy Osbourne, Mötley Crüe et tout ça…Ce n'est pas quelque chose que tu peux refuser, même si ça ne changera rien à ta carrière, une tournée comme ça, je sais pas si le public du Ozzfest va aimer Kataklysm, mais pour nous, c'est quelque chose que tu dois faire dans ta vie. Qui joue de la musique, rêve de tourner avec de telles légendes. Même avec Mötley Crüe, on est tous des fans, et être sur la même scène, devant 30 000 personnes chaque soir, tu ne peux pas dire non. Donc, nous, on était prêt pour le sortir au mois d'août, alors on a décidé de le sortir là tout de suite pour cette tournée, et il sortira une semaine après aux Etats-Unis. On va revenir en Europe pour une tournée en tête d'affiche, la tournée " Neck Breaker's Ball ", avec Legion of the Damned, Equilibrium et quelques autres. Et ça, ça va être au mois de janvier. On a aura pas de date européenne excepté pour le " Ways of Darkness " Festival en Allemagne, avec Kataklysm un soir, et Ex Deo l'autre soir. C'est la première fois qu'on fait ça. Ca va être intéressant.

Fab : Faudra pas que tu arrives habillé en romain pour le set de Kataklysm…
Maurizio Iacono : (rires) Ah non, car ça marchera pas là. En tout cas, l'album est très très puissant, très agressif, la production est énorme. Je pense que c'est un album très personnel pour Kataklysm, on rentre dans notre vingtième anniversaire dans un an, alors pour nous, on voulait faire une marque avec cet album. On est aussi passé à travers des choses très difficiles à l'intérieur du groupe, pas entre nous, mais dans nos vies personnelles. Les deux dernières années ont été très difficiles. Et il y a beaucoup d'émotions véritables sur cet album-là. Il vient du cœur. Si un magazine nous donne un sur dix, je m'en fous, pour moi, c'est l'album…Pour moi, ça a toujours été 'Shadows And Dust " (2002), l'album que j'ai aimé le plus, qui nous a démarqué. J'ai aimé les autres albums, mais ça a toujours été celui-ci mon préféré. Et là, je dois dire que c'est la première fois que j'en ai un au même niveau, pour moi. Peut-être parce que c'est très personnel. Les textes touchent beaucoup ma vie personnelle, ainsi que celles des autres membres du groupe, qui ont vécu beaucoup de choses. Je suis très fier de cet album, je pense qu'il va avoir un certain impact. Les revues qui en parlent déjà, c'est très fort…On va voir. On se sent pas vieux (rires), pas pour l'instant.

Fab : Ben écoutes, merci pour cet interview plus qu'intéressant, un dernier mot pour les fans français d'Ex Deo et de Kataklysm ?
Maurizio Iacono : Merci d'être " open minded ", d'avoir l'ouverture d'esprit, et d'accepter l'Histoire, parce que ça fait partie de tous. Et j'espère qu'ils vont grandir avec nous avec ce projet, qui devient un groupe grâce à vous. Et pour Kataklysm, tu sais, c'est toujours la fête alors, chaque fois qu'on vient en France, on vient faire la fête avec nos cousins, c'est comme ça (rires).

 

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