Interviews

Olivier & Samuel - Hacride

Hacride

June 21 2009 (Hellfest - Clisson)

C'est en début d'après-midi que je rencontrais la moitié du groupe HACRIDE. Le groupe français, originaire de Poitiers, n'en fini plus d'étonner par sa musique efficace, évoluée, et surtout variée, le tout confirmé par la récente sortie de leur nouvel et très bon album " Lazarus ".

Fab : Alors, contents d'être au HELLFEST ? Et que pensez-vous de votre prestation ? Ce n'est pas trop dur de jouer aussi tôt ?
Samuel Bourreau (chant) : C'est surtout que c'est le troisième jour. Aussi tôt, ça peut encore aller, mais le troisième jour…On avait peur qu'il n'y ait pas grand monde du fait que beaucoup s'étaient couchés tard, avaient eu une soirée bien arrosée, ce qui est tout à fait normal. Mais on a été surpris, il y avait à peu prés 1000 personnes dans la Rock Hard Tent, et donc voilà, on était content, quoi. On aurait aimé jouer devant encore plus de monde, c'est sûr, mais on est content. On a joué 30 minutes, c'est court, c'est comme ça, c'est le timing festival, on connaît, mais tout c'est bien passé, on a eu une bonne réaction du public, on avait l'impression d'être attendus, donc ça fait plaisir.

Fab : Pouvez-vous présenter le groupe pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, ainsi que la signification d'Hacride ?
Olivier Laffond (Batteries): Oui, alors on s'est créé en 2001, avec toute l'équipe. Bon, Samuel est arrivé quelques mois après. Premier album " Deviant Current Signal " en 2005, puis après, " Amoeba "en 2007, et puis cette année " Lazarus ". On vient chacun de notre milieu musical. Avec Benoit (Danneville - basse) qui est plus Black Metal, moi, j'étais un peu Jazz, rock, metal aussi, puis Adrien (Grousset - Guitare) un petit peu plus classique, flamenco

Samuel Bourreau : On a tous des influences variées et différentes. Et c'est bien dans le style d'HACRIDE où l'on retrouve un peu toutes ces influences diverses, mais le tout mixé dans un style qui nous est propre, on espère (sourire).

Hacride

Fab : Vous vous définissez un peu comme avant-gardiste. Pouvez-vous nous éclairer un peu plus à sur ce sujet ?
Samuel Bourreau : Alors je ne sais pas si c'est nous qui nous caractérisons comme avant-gardiste ou si c'est les gens qui caractérisent notre musique comme cela, mais on a pas la pression d'être avant-gardiste. On fait ce qu'on aime, la musique que l'on a envie de faire.

Olivier Laffond : Après, c'est vrai qu'il y a un travail de recherche, une volonté de casser un peu les barrières (dans le style Metal), d'élargir un petit peu l'horizon musical, même si ce n'est pas évident (rires). Tellement de choses on déjà été faites. Mais c'est peut-être pour cela qu'on nous caractérise comme avant-gardiste.

Samuel Bourreau : C'est vrai qu'il y a certains groupes qui sont un peu dans cette mouvance, on peut parler de TEXTURES, de GOJIRA, même si ce n'est pas du tout le même style pour moi, ou le dernier MASTODON, où il y a cette espèce de mélange de rock, de prog, de choses un peu variées…On aime bien ce côté ouverture d'esprit, et ne pas rester ciblés sur un style précis. De toute façon, ça ne correspondrait pas aux envies des membres du groupe. On est arrivé à trouver cet équilibre, qui se caractérise bien dés le premier album, où je vais prendre l'exemple de " This Place ", avec un solo à la fin un peu arabisant, et c'était un peu nouveau.

Fab : Félicitations pour votre dernier album " Lazarus " qui est très réussi et varié, avec notamment des chansons épiques comme " To Walk Among Them " et des chansons presque atmosphériques progressives comme " Phenomenon ". Pouvez-vous nous expliquer votre processus de création ? Quelles sont vos sources d'inspiration ? (films, livres, etc…)
Samuel Bourreau : Ben déjà, le compositeur principal, c'est Adrien qui compose tout depuis le début. Nous après, on a un rôle plus d'arrangeurs. C'est lui qui amène la vision musicale, et après on a toujours la possibilité de réarranger ensemble le morceau. Mais le processus de création, c'est vraiment Adrien, qui nous amène des maquettes quasiment finie avec batterie, basse, guitares, samples. Je crois que le premier morceau qu'il a créé sur cet album, c'est " To Walk Among Them "…

Olivier Laffond : C'est pour ça qu'on retrouve un petit peu l'esprit d' " Amoeba " dans ce morceau, et il a fait le lien avec " Lazarus ".

Fab : S'agit-il d'un concept album ?
Olivier Laffond : Oui, plus ou moins. On est parti dans cette idée un peu filmique justement, avec des chapitres. On raconte l'histoire d'un personnage qui, après une mort clinique, ressuscite, et voit les choses différemment, ce qu'elles sont réellement. Son univers est perturbé, jusqu'à " Awakening " où là, le personnage se réveille, et se rend compte que c'est lui qui défaille et non son entourage.

Samuel Bourreau : L'histoire a d'abord été écrite d'une manière globale, Adrien voyait cela d'abord comme un grand morceau, mais avec plein de phases différentes, découpées en chapitres. Donc, oui, il y a ce principe du concept album, tout à fait. On a en tout cas essayé de mettre le doigt là-dessus et de ne pas partir sur un morceau, puis un autre…on est vraiment parti sur un ensemble.

Olivier Laffond : On a essayé de faire quelque chose de structuré, de trouver une cohésion.

Samuel Bourreau : Cet album est beaucoup plus lent, plus lourd, plus profond j'ai l'impression que les autres albums.

Fab : Est-ce que la " fin " de " My Enemy " est inspiré de celle de " Pull Me Under " de DREAM THEATER, du moins, dans le concept ?
Samuel Bourreau : Non, on a souvent eu l'habitude de faire des choses comme ça, même dans le premier album " Deviant Current Signal " où il y avait un riff qui partait un peu hardcore , et euh, le riff part, ça envoi, et là on arrête (rires). Et on a toujours aimé cet espèce de contraste comme ça de laisser les gens un petit peu dans le manque, de créer cette espèce de tension, et avec un arrêt brutal…Mais oui, c'est tout à fait volontaire.

Fab : Une vidéo est prévue pour cet album ?
Samuel Bourreau : On aimerait, ouais. Après, quand ? Mais oui, il y en aura une qui sortira.

Olivier Laffond : On sait déjà avec qui on veut le faire, on a déjà travaillé avec lui (notamment le clip " Perturbed "). C'est Monsieur Decaillon (Ndlr : Ben DEKA, son pseudo) et on attend qu'il soit libre.

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Fab : Parlez-nous un peu de l'artwork de l'album.
Olivier Laffond : C'est un américain qui s'appelle Alex E-L, qui nous a fait quelque chose de super organique qui a bien collé à toute cette complexité.

Samuel Bourreau : Il a juste écouté la maquette, et il s'est fié à ça. Y'a des choses qui nous on beaucoup plus dés ses premières propositions, et on lui a dit de continuer dans cette direction, que c'était mortel, et il a approfondi et approfondi…par exemple, moi j'adore le livret où quand tu le déplie, ça fait le corps humain, il y a un travail graphique hallucinant.

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Fab : Samuel, est-ce tu chéris toujours les parties vocales sans micro, occasionnellement j'entends ?
Samuel Bourreau : Sur scène ? Il y a une phase qui pourrait être interprété comme ça dans " Lazarus ", c'est le morceau " Lazarus " où c'est un peu caverneux, où moi je suis un peu loin du micro pour donner cette impression. J'ai toujours aimé ce petit côté, c'est vrai que sur scène, je faisais " Fate " de l'album " Amoeba " sans micro et je m'amusais à gueuler sur les gens. C'est bien à faire, mais alors dès que tu te retrouves avec de grosses salles où tu as envie que ton son passe loin, ça parait un petit peu plus compliqué.

Fab : Au vu du très bon niveau de vos compositions et de votre production, est-ce que vous pensez, avec également l'essor de groupes comme GOJIRA, DAGOBA, le metal français commence à être pris plus au sérieux qu'avant ?
Olivier Laffond : Je pense que les groupes (français) ont toujours su jouer, mais n'avaient peut-être pas les structures sur lesquelles s'appuyer pour donner le meilleur de leur potentiel. Mais effectivement, GOJIRA a mis le pavé dans la mare qui fait que le French touch n'a plus son côté négatif, mais qu'au contraire c'est devenu un argument dans le metal.

Samuel Bourreau : Puis on était peut-être tellement isolés pendant des années que maintenant, on a peut-être une vision originale par rapport aux autres. C'est ce qu'on ressent quand on part un peu à l'étranger, ils aiment le côté " French Touch ", les gens nous connaissent et sont friands de ces choses-là. Et le dénominateur commun de tout ces groupes, c'est l'envie d'aller s'exporter à l'étranger, qui en se faisant respecter ailleurs qu'en France, ramènent comme ça une assise. Gojira a vraiment jeté le pavé dans la mare, mais nous n'en sommes que contents. C'est certain qu'au début ca peut agacer d'être systématiquement référencés par rapport à Gojira alors qu'on ne fait pas du tout la même chose. Mais c'est un atout à l'étranger … quand tu arrives en Angleterre et que les gars ont déjà des t-shirts de GOJIRA, bon ben ça joue. On espère s'engouffrer là-dedans encore plus.

Olivier Laffond :et pourquoi pas nous aussi à notre echelle ouvrir la voie pour d'autre groupes…

 

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